Deuxième volet consacré à l’anniversaire de l’agence de développement, nous vous proposons un retour d’expérience sur l’évolution de l’agence et du territoire à travers le portrait de l’Ambassadeur FIER SPM Gérard MERCHER, directeur de la SODEPAR de 1996 à 2001 (Archipel Développement portait alors ce nom : SOciété de Développement et de Promotion de l’ARchipel).
FIER SPM : Quel est votre parcours et quels sont les liens qui vous relient à Saint-Pierre-et-Miquelon ?
GM : J’ai un parcours atypique, j’ai obtenu une licence de lettres, puis j’ai bifurqué vers l’institut de contrôle de gestion et l’institut de haute finance, deux établissements de l’Institut français de gestion. J’ai créé le mensuel économique « L’exportation » en 1977, repris par la suite par le groupe Les Echos. Après avoir quitté le journal, j’ai passé 3 ans à la Chambre de Commerce d’Amiens au sein du service industrie. Parallèlement à la CCI, j’ai passé un brevet de technicien agricole. Je suis parti dans le Gers où j’ai pris la tête d’une coopérative agricole pendant 4 ans avant de rejoindre les foie gras Delpeyrat en tant que directeur marketing et commercial pendant 9 ans. Au moment de la cession de l’entreprise à un groupe financier, j’ai pris la fonction de Directeur général de la Sovol où je suis resté 4 ans, une entreprise des Landes positionnée sur une activité similaire à Delpeyrat.
C’est à cette période-là que j’ai eu connaissance de l’opportunité de créer la fonction développement économique au sein du Conseil Général. A l’époque, la Sodepar s’occupait uniquement d’aménagement pilotée par la SCET DOM-TOM. J’ai donc proposé d’intégrer la fonction développement économique dans la Sodepar dont j’ai pris la direction 6 mois après mon arrivée dans l’archipel. J’y suis resté 5 ans avec ma famille avant de repartir en métropole pour prendre la direction de Charente Développement en 2001. Après 4 ans sur cette fonction, j’ai occupé le poste de Directeur du Havre Développement jusqu’à début 2015. Aujourd’hui, je suis consultant indépendant, spécialisé sur les champs du développement territorial et de la conduite de projets dans les domaines de l’énergie et de l’environnement.
FIER SPM : L’agence de développement vient de fêter ses 30 ans. En tant qu’ancien directeur de la Sodepar, quel regard portez-vous sur le développement de l’archipel depuis votre départ ?
GM : Quand je suis arrivé, c’était 3 ans après le jugement du tribunal de New-York, l’archipel était encore sous le choc, mais restait debout. Le désir d’entreprendre était palpable et s’est concrétisé au travers de nombreux projets dont certains sont encore en activité : le dédouanement, la quarantaine de Miquelon avec les lamas et alpagas, l’exploitation de la coquille Saint-Jacques et du crabe des neiges, le foie gras de Miquelon, les 1ers dossiers de défiscalisation montés également à cette époque.
Je n’ai jamais perdu le contact avec l’archipel, et ce qui frappe aujourd’hui, c’est le réel dynamisme des entrepreneurs du territoire. Plusieurs projets ambitieux sont en cours : la distillerie, le complexe des terrasses du port, le datacenter, les projets de production électrique éoliens, notamment ceux présentés pendant le forum économique qui a eu lieu à Issy-les-Moulineaux, les perspectives de développement dans le champ de l’aquaculture… Certains de ces projets ont une maturation lente, mais ce sont des projets structurants, cohérents par rapport aux secteurs prioritaires du Schéma de Développement stratégique (SDS) et qui vont permettre à l’archipel de communiquer !
FIER SPM : Comment voyez-vous le développement de l’archipel à moyen terme ?
GM : En s’appuyant sur ces axes stratégiques et sur les projets qui en découlent, le travail va être de tirer au maximum les retombées économiques de ces réalisations. Chaque projet peut être l’occasion d’effets boule de neige, il faut s’appuyer sur les dynamiques de filières, identifier les maillons et niches dans ces filières et aller chercher des porteurs de projets sur l’archipel ou à l’extérieur. C’est la base du développement de capitaliser sur les tendances lancées, monter sous forme d’un puzzle toutes les activités qui permettent de représenter les perspectives d’emploi pour l’archipel. Par exemple, le couplage production légumière et végétale couplée avec un projet éolien serait bénéfique pour l’archipel à la fois sous l’angle sécurité alimentaire, mais aussi d’empreinte écologique.
FIER SPM : Pourquoi avez-vous accepté de devenir Ambassadeur ?
GM : Quand j’ai quitté l’archipel, j’ai gardé le contact, j’en ai toujours parlé de manière positive et dynamique. J’ai créé Le Havre ambassadeur en 2006, quand j’ai appris la création de FIER SPM, c’était évident pour moi de rejoindre le réseau, j’étais déjà dans cette dynamique de parler positivement, je n’avais que des bonnes raisons d’en faire partie. Il est nécessaire d’avoir un maximum d’ambassadeurs motivés qui souhaitent apporter leur contribution au rayonnement de l’archipel.
FIER SPM : Quels sont vos projets en cours ?
GM : J’apporte mon appui à mon fils pour le développement de la pépinière horticole qu’il dirige avec sa compagne autour de la permaculture, en coopération avec la ferme du Bec-Hellouin afin de mettre en place des cultures cohérentes par rapport aux principes de la permaculture. Nous souhaitons lancer un jardin expérimental de 600m² sur les 12 hectares que compte la pépinière. Un autre projet auquel j’ai beaucoup contribué est la création de la 1ère formation diplômante de développeur économique avec l’école de management de Normandie, en association avec le CNER. Je travaille également au développement d’une entreprise qui traite les effluents maritimes. A moyen terme, je serais intéressé pour collaborer au développement dans l’archipel d’un programme agricole combinant serres et éoliennes.
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