Les Ambassadeurs FIER SPM à l'honneur : Fabrice TELETCHEA

Fabrice TELETCHEA, maître de conférences à l'université de Nancy

Quel est votre parcours et quels sont les liens qui vous relient à Saint-Pierre-et-Miquelon ?

FT : Comme bon nombre d’étudiants, après l’obtention d’un baccalauréat scientifique en 1995, j’ai quitté l’Archipel afin de poursuivre mes études en biologie générale, en me spécialisant progressivement sur l’étude des poissons et plus récemment en aquaculture. Mon parcours universitaire m’a amené à déménager à plusieurs reprises et c’est ainsi que j’ai fait le tour de France : Chambéry et La Rochelle (Licence en biologie), Brest (Maîtrise de Biologie des populations et des écosystèmes à l’Institut Universitaire Européen de la Mer), Paris (DEA en Systématique au Muséum National d’Histoire Naturelle) et Lyon (Thèse de Systématique à l’Université Claude Bernard).

Depuis 12 ans, je vis à Nancy et depuis 6 ans, je suis maître de conférences à l’université de Lorraine, je suis également responsable pédagogique d’une licence professionnelle en « Aquaculture Continentale et Aquariologie » (la seule formation de France à dispenser un tel enseignement https://formations.univ-lorraine.fr/…/1510-licence-pro-aqua…). Nous formons une vingtaine d’étudiants par an dans les domaines de l’aquariologie (aquariums publics, grossistes, animaleries), l’aquaculture (pisciculture, aquaponie), la recherche sur les animaux aquatiques (INRA, IFREMER, CNRS, Universités) ou les fédérations de pêche.

J’ai la chance de retourner régulièrement sur nos îles, en 2017 j’y ai passé près de 8 semaines avec ma famille. Mes parents et une grande partie de ma famille vivent sur nos îles, c’est un vrai bonheur d’y revenir ; c’est d’ailleurs essentiel pour moi de maintenir le lien, d’y emmener mes enfants.

Je suis parti depuis plus de 20 ans mais quand je dis chez moi, je parle de l’Archipel… C’est un attachement profond.

Pourquoi avez-vous accepté de devenir Ambassadeur ?

FT : Je travaille sur des projets liés à l’aquaculture (en enseignement et en recherche) et j’ai longuement réfléchi à la façon dont je pourrais m’impliquer sur l’Archipel, j’avais envie d’être utile à mon territoire, contribuer à son développement. Après près de deux ans de réflexion, et grâce au soutien de la Collectivité Territoriale, je vais pouvoir m’investir localement sur des projets visant à développer une expertise en aquaculture et je l’espère, susciter des vocations dans ce domaine. C’est donc tout naturellement que je me suis inscrit sur le portail FIER afin de devenir ambassadeur ; FIER SPM est une belle initiative innovante et arrive au bon moment !

Quels sont vos projets en cours ?

FT : Avant d’entrer dans le détail, je souhaite rappeler qu’aujourd’hui dans le monde, un poisson sur deux consommés est un poisson d’élevage et que plus de 85% des poissons consommés par les Français sont importés.

En 2016 j’ai contacté des élus locaux, je souhaitais savoir de quelle manière mon expertise en matière d’aquaculture pouvait être mis au profit de l’Archipel. A cette époque ma réflexion en était à ses balbutiements mais les choses se sont accélérées, j’ai déposé un projet auprès de la Collectivité Territoriale et nous sommes à formaliser les derniers détails. Ce projet en matière de développement aquacole et aquaponie revêt comme objectif d’identifier les porteurs de projet, les former, les accompagner et les faire revenir sur l’Archipel. Ce projet comportant plusieurs volets, s’étalera sur 3 ans ; les principaux points peuvent être résumés ainsi :

     - Identifier les porteurs de projet, les former et les accompagner : j’interviendrai auprès des jeunes de l’Archipel pour leur expliquer ce qu’est l’aquaculture aujourd’hui. Il s’agira de leur faire découvrir les métiers, les débouchés puis les accompagner tout au long de leur formation ; je serai le relais, le soutien de ceux qui s’investiront dans cette filière. C’est aussi le rôle d’un ambassadeur !

     - Réaliser une étude technique de faisabilité : parallèlement à cela, j’encadre actuellement 6 étudiants (en 2ème et 3ème année universitaire) qui travaillent sur la faisabilité de développement de projets aquacoles innovants à Saint-Pierre-et-Miquelon et notamment sur l’aquaponie. L’idée consiste à coupler l’élevage de poissons avec la culture de plantes en circuit fermé (cela peut être réalisé à l’intérieur de bâtiments aménagés) ; même si l’idée n’est pas nouvelle, c’est une culture qui se développe énormément dans le monde aujourd’hui. A l’issue de cette étude, l’idée serait de proposer un (ou des) pré-projets pour des investisseurs potentiels.

Ces actions seront menées dans les 3 ans qui viennent dans le cadre d’une convention entre la Collectivité Territoriale et l’Université de Lorraine.

Enfin et sur une échelle plus régionale, je m’investis avec d’autres collègues dans un partenariat avec le Canada et son institut franco-québéquois de Rimouski pour la construction de projets de recherche et développement à l’échelle de la grande région.

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